Souvenir d’un passé, interprétation poétique du présent et projection vers un espace futur, Périphéries Intérieures propose une expérience du territoire à travers les périphéries urbaines nord Parisiennes.
Nous sommes en pleine zone de transformation. De changement fulgurant.
Les générations d’urbanisme se cognent.
Les territoires se frottent.
Les cartes se frôlent.
La tôle et le papier se froissent par endroit.
Besoin de constat.
D’inscrire la trace de cet espace continuellement nouveau.
La ville révèle alors son paysage lunaire.
Paysage emprunté, à la géographie intérieure.
Où l’habitat quasi-désertique laisse place à une périphérie graphique.
Presque d’anticipation.
Où les seules figures humaines s’apparentent à des cosmonautes.
Des découvreurs, vêtus de blanc.
Des découverts, dans le voile du portrait.
L’image est cotonneuse. Doucement hivernale.
Délicatement ciselée.
Enveloppée d’une opacité lumineuse.
Comme un intime respect du lieu.
Ne pas s’imposer.
Témoigner. Avec conviction.
Rendre l’aube d’un avenir. Avec équivoque.
Sans ré-inventer l’espace.
Seulement le déplacer.
Texte d’Irina Mazuet
Éveiller son regard c’est aussi se retrouver face à ce que l’on croit connaître, le repenser, le redécouvrir, lui donner un nouveau souffle. Beaucoup de mes approches sur le paysage sont inspirés de lieux reculés, loin de mes territoires personnels. J’avais envie pour Périphéries Intérieures de me confronter à ceux que j’arpente chaque jour, à ceux que j’habite. Le début d’une grande transformation de ce territoire m’a alors décidé à démarrer le projet. Je savais que c’était le moment idéal pour commencer ce travail. J’ai donc pendant plusieurs mois réalisé des images de ces territoires en mutation permanente. Je vivais une sensation très étrange partagée entre la lenteur de mon processus et la frénésie qui transformait le lieu. J’ai parfois réalisé des images qui le lendemain étaient déjà devenues des archives, le paysage prenait une autre forme à chaque instant. J’avançais dans ce sentiment à la fois étrange et tellement excitant que les durées se cognaient, que le temps était en contradiction permanente. Puis, petit à petit, ces espaces sont devenus personnels, presque intimes et cette introspection du paysage est devenue Périphéries Intérieures. La seconde phase du dispositif s’est alors enclenchée en réalisant des portraits de personnages inspirés de ces lieux, des apparitions, des rêves venus de ces territoires.